Chères et chers camarades,
Nous tenons à saluer le congrès de fondation de votre organisation, d’un collectif révolutionnaire. Nous savons toutes et tous que nous sommes dans un moment très difficile, marqué par le durcissement de l’intervention et des objectifs de la droite économique, sociale et politique et par une réponse contenue, limitée et trop souvent inefficace des forces de la gauche, à commencer par la gauche institutionnelle liée à la paix du travail et à la démocratie de concordance.
Il faut beaucoup de courage, dans un contexte pareil, pour prendre la décision de fonder une organisation révolutionnaire, libertaire, de transformation sociale. Votre décision est précieuse. Elle nous encourage vivement dans nos combats, dans notre travail théorique et politique. Nous espérons que nous pourrons coopérer, échanger, en un mot travailler ensemble pour mettre en mouvement des forces plus nombreuses et plus décidées chaque jour. Cela exige beaucoup d’échanges, beaucoup d’évaluations communes, beaucoup de projets conçus et menés à bien. Pour notre part, nous sommes disposé·e·s à nous impliquer dans un tel processus de travail politique.
Dans les temps que nous traversons, il n’y a pas de place pour le pessimisme. Notre premier devoir est de lutter, de faire monter, autant que nous le pouvons, les résistances. Cela veut dire sortir du cadre de la politique institutionnelle et aborder audacieusement, partout où c’est possible, à chaque occasion où cela est possible, l’action directe de masse, l’auto-activité, l’organisation de base. Les forces et les gens qui sont prêts à s’engager en ce sens dans ce pays et dans cette société ne sont pas quantité négligeable. Notre proposition politique de base : construire le rapport de forces, mobiliser, se battre face à une droite maximaliste qui ne reconnaît aucune limite à son projet de domination, de soumission de la société, des êtres humains et de la nature. La convergence des forces, des occasions et des moments de résistance est une construction politique. Il faut l’entreprendre et la déployer.
Mais pour que cette démarche, cette stratégie de long terme, soit possible, il nous faut donner à la résistance une projection d’émancipation, de rupture avec l’ordre dominant des choses, de construction progressive, cumulative, d’une alternative. Nous le savons bien, l’alternative doit s’appuyer sur les besoins, les désirs, les propositions et les pratiques d’émancipation. Le refus de reproduire ou de refonder la domination, la volonté de construire systématiquement une politique de libération depuis la base, c’est ce qui caractérise notre courant dans la lutte sociale et politique. Il ne suffit donc pas de résister et de lutter, il faut encore qualifier et forger la lutte dans un sens d’émancipation.
En reconnaissant que la question révolutionnaire est un processus long qui connaît des seuils, des écueils, des avancées mais aussi des reculs, nous pensons que l’émancipation doit s’appuyer sur la tension que donne un projet démultiplié et pourtant permanent marqué par la volonté et la proposition de la transformation sociale.
Nous sommes, vous et nous, des révolutionnaires. Cette radicalité doit être capable de patience pour pouvoir ne jamais s’arrêter d’avancer jusqu’à la victoire finale.
Nous vous souhaitons plein succès pour vos travaux et nous espérons que bientôt nous pourrons coopérer ensemble.
Ami·e du Peuple – Organisation socialiste libertaire